
Pollution de l'air : la situation se dégrade dans la vallée de l'Arve, la vigilance rouge déclenchée
La vallée de l'Arve (Haute-Savoie) a été placée, dans la nuit de ce jeudi 20 au vendredi 21 février, en vigilance rouge à la suite d'un épisode de pollution aux particules fines. De nouvelles mesures de restriction sont mises en place.
Une alerte à la pollution aux particules fines a été activée dans la nuit de ce jeudi 20 au vendredi 21 février dans la vallée de l'Arve (Haute-Savoie), a annoncé la préfecture du département.
Cette zone, qui s'étend de Chamonix jusqu'aux limites du Pays Rochois, encaissée entre deux massifs, est particulièrement vulnérable au phénomène dit d'"inversion de températures", lorsque l'air froid reste bloqué sous un air plus chaud, lequel forme un "couvercle" empêchant les polluants de se disperser en altitude.
Plusieurs mesures réglementaires sont entrées en vigueur jusqu'à la fin de l'épisode de pollution de "type combustion" (particules fines PM10), écrit la préfecture. Parmi elles, l'interdiction d'utiliser des chauffages au bois et des groupes électrogènes, la réduction de la température de chauffage des bâtiments à 18 °C, ou encore l'interdiction d'effectuer des travaux d'entretien ou de nettoyage avec des outils non électriques (tonte de pelouse, taille-haies...) ou à base de solvants organiques (peinture, vernis...).
Circulation différenciée et autres restrictions
La circulation est différenciée pour les poids lourds de plus de 3,5 tonnes sur tous les axes routiers du bassin touché par la pollution, et seuls ceux munis d'une vignette crit'air 0 à 4 sont autorisés à circuler. Pour les entreprises et les industries, il est notamment demandé de reporter les opérations émettrices de polluants à la fin de l'épisode de pollution. L'ensemble des mesures est à retrouver sur le site internet de la préfecture.
Ce vendredi "certains secteurs de la façade Est devraient encore avoir une qualité de l'air mauvaise, notamment la vallée de l'Arve ou le seuil d'information pourra encore être dépassé", indique sur son site internet l'observatoire de la qualité de l'air Atmo Auvergne-Rhône-Alpes. Une vigilance orange avait déjà été activée dans la journée de ce jeudi 20 février.
Selon un rapport de Santé publique France datant de 2021, quelque 4 300 décès en région Auvergne-Rhône-Alpes étaient imputables aux particules fines.
Conséquence directe, une famille de la vallée de l'Arve a fait condamner l'Etat pour "une insuffisance des mesures adoptées" face à des épisodes de pollution de l'air.
L'Etat devra indemniser une famille vivant dans la vallée de l'Arve (Haute-Savoie), où la qualité de l'air est particulièrement mauvaise, la justice ayant estimé que les autorités n'ont pas pris de mesures suffisantes pour lutter contre les pics de pollution.
La cour administrative d'appel de Lyon, dans une décision datée de mercredi vue par l'AFP, condamne l'Etat à verser la somme globale de 9 000 euros à la famille. Elle estime que les pathologies respiratoires du fils, né en 2012, "ont été aggravées par la pollution, en particulier lors des pics de pollution".
L'Etat a commis une "faute" du fait "de l'insuffisance des mesures adoptées pour permettre que les périodes de dépassement des valeurs limites de concentration de polluants dans l'atmosphère de la vallée de l'Arve soient les plus courtes possibles", selon le jugement.
Une "aggravation de la santé de l'enfant"
"Cette décision, par la reconnaissance du lien de causalité entre la faute de l'Etat et les préjudices subis par l'enfant victime de la pollution de l'air dans la vallée de l'Arve, est exemplaire", a réagi Me François Lafforgue, conseil de la famille.
"Nous avons fait un travail pour établir la concomitance entre des pics de pollution et des moments d'aggravation de l'état de santé de l'enfant", a-t-il expliqué. Selon lui, c'est la première fois qu'un tel lien de causalité est reconnu dans la vallée de l'Arve.
Enserrée entre deux massifs, la vallée pâtit d'un effet "cuvette" qui favorise l'accumulation des polluants dans l'air : chauffage au bois "non performant" comme avec les appareils anciens et les cheminées ouvertes, transport routier avec les gaz d'échappement, usure des pneus et des freins, aux rejets d'activités industrielles et agricoles... Depuis ce jeudi 20 février, le bassin de vie fait l'objet d'une vigilance à la suite d'un épisode de pollution toujours en cours.
En juin 2023, l'État avait été condamné, pour la première fois, à indemniser des victimes de la pollution de l'air par un tribunal, qui a jugé que deux enfants atteints de bronchiolites et d'otites répétées avaient été rendus malades en raison, entre autres, du dépassement des seuils de pollution en région parisienne.
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