La fameuse "citadelle" du Vercors offre une grande diversité d’ambiances et de paysages montagnards. Si les plateaux sont très prisés et fréquentés été comme hiver, il existe un Vercors plus confidentiel que l’on peut découvrir dès qu’on s’éloigne des routes principales. Plus sauvage et moins urbanisé, le contrefort occidental du Vercors est un écrin perché par-dessus les plaines. On peut y accéder par des routes vertigineuses qui forcent le respect quand on sait comment elles ont été construites…
Il faut bien chercher pour trouver l’une des plus petites routes permettant d’accéder aux plateaux du Vercors. Cognin-les-Gorges doit son nom au défilé vertigineux qui relie les plateaux du Vercors à la plaine Iséroise. Comme les Grands Goulets ou les gorges de la Bourne, pour ne citer que les plus connues, la petite route des gorges du Nan mérite le détour. Elle grimpe en lacets serrés le long du premier contrefort du massif pour s’étendre ensuite à même la falaise à plusieurs centaines de mètres au-dessus du torrent. Plus courte que ses grandes sœurs, mais tout aussi impressionnante, elle dessert le village de Malleval-en-Vercors. On ne s’y croise que difficilement… L’occasion de prendre son temps, de garer sa voiture en amont, et de poursuivre quelques centaines de mètres à pied pour se retrouver comme suspendu au cœur des falaises.
Elle grimpe en lacets serrés le long du premier contrefort du massif pour s’étendre ensuite à même la falaise à plusieurs centaines de mètres au-dessus du torrent.
Sur les routes du vertige
Évoluer dans ce décor vertigineux permet de comprendre l’incroyable audace des ingénieurs et ouvriers qui, au XIXᵉ siècle, ont percé les falaises pour désenclaver le massif.
D’abord, il fallait trouver où passer. Les itinéraires ont été choisis en fonction de la pente des différentes strates de calcaire oblique afin de tracer une route en pente douce, et de profiter des petites vires naturelles plus propices au percement de la roche. Les techniques de l’époque étaient rudimentaires et la sécurité hasardeuse… Nombreux sont les ouvriers qui y ont laissé la vie.
Imaginez : suspendus à une simple corde nouée autour du ventre sur la falaise, ils perçaient un trou dans lequel était disposé un bâton d’explosif… Il fallait ensuite allumer la mèche, puis, d’un geste rapide, se balancer en arrière, faire le pendule au-dessus du vide, pour éviter de se retrouver sur la paroi au moment même de l’explosion... Et recommencer. Le moindre décalage, la moindre erreur pouvait être fatale. Parcourir aujourd’hui ces routes du vertige permet de prendre conscience de leur courage et de leur pugnacité. Elles conservent un caractère hors du temps.
Ce sont des considérations économiques qui, au départ, ont amené au percement de ces routes. Il fallait faciliter les échanges entre les plateaux et la plaine, notamment pour l’exploitation forestière.
Mais à peine terminées, les visiteurs et les premiers touristes se sont emparés de ces voies nouvelles pour vivre le frisson du vertige dans les carrioles à chevaux, puis très vite dans les premières automobiles. Elles ont été, et sont encore, un spectacle fascinant qui attire de nombreux visiteurs.
Les visiteurs et les premiers touristes se sont emparés de ces voies nouvelles pour vivre le frisson du vertige...
Si les gorges de la Bourne sont plus larges et permettent le croisement des véhicules, nombreuses sont les petites routes où il faut s’armer de patience, et ne pas hésiter à faire marche arrière lorsqu’on se retrouve face à face avec quelqu’un d’autre ! Un étrange sentiment de bout du monde… suspendu dans le vide.
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