Déserté hors période de vacances, cet immeuble dans une station de ski est transformé en résidence d'artistes
L'immeuble des Glovettes, situé dans la station de ski de Villard-de-Lans (Isère), est occupé une partie de l'année par des artistes qui y trouvent une résidence. L'initiative, portée par un collectif d'habitantes, tend autant à remplir ces lits froids qu'à proposer un cadre idéal au travail de conception.
Au milieu des montagnes, sous la neige et une épaisse brume, l'immeuble des Glovettes rappelle les paysages d'un certain film de Stanley Kubrick. Déserté une grande partie de l'année, cet imposant ensemble immobilier situé à Villard-de-Lans (Isère) cherche à réchauffer ses lits froids.
Des habitantes ont décidé de se réunir en association pour remplir ces appartements construits dans les années 1970, au moment de la ruée vers l'or blanc. Le nom du collectif : "Villa Glovettes". Son objectif, inviter des artistes à créer et concevoir dans ces milliers de mètres carrés inoccupés au printemps et à l'automne.
"Ce grand calme et cet espace contemplatif sont propices à la création et au travail de recherches que mènent les artistes. Nous, les fondatrices de ce collectif, sommes toutes issues des milieux culturels. Et on s'est dit que c'était trop fou qu'un bâtiment comme ça soit vide et ne profite pas à des personnes qui ont besoin de calme", raconte Agathe Chion.
Elle est, avec Adrianna Wallis, une des co-fondatrices du collectif et une des quarante habitants à l'année des Glovettes. Depuis 2021, une cinquantaine d'artistes peintres, réalisateurs, écrivains ou encore plasticiens ont séjourné dans une des chambres de 35 mètres carrés.
"C'est un lieu où ils passent beaucoup d'heures à travailler. C'est chouette de se dire que dans ces appartements, il y a eu des peintres, des plasticiens...", ajoute Adrianna Wallis. "J'ai grandi dans le Vercors, mais je n'avais jamais mis les pieds à l'intérieur de la copropriété. Quand je rentre dans ce bâtiment à 40 ans, après avoir fait les beaux-arts et en tant qu'artiste, je suis ébahie. Je me suis dit que cet endroit était incroyable", se rappelle-t-elle.
"C'est rarissime"
Sur place depuis près de six semaines, Laura Vazquez a profité pleinement de cet environnement. "Je trouve beaucoup de calme ici, beaucoup de silence. Mais aussi du temps. Il faut dire que ce n'est pas une résidence ordinaire : nous ne sommes pas tenus de faire des ateliers en milieu scolaire ou des interventions extérieures. Donc on peut se dédier complètement à nos différents travaux. Dans mon cas, j'ai eu tout mon temps pour lire et écrire", raconte la lauréate du Prix Goncourt de la poésie 2023.
"Une résidence dans laquelle on dispose de tout son temps, c'est rarissime. C'est exceptionnel", poursuit-elle. À la nuit tombée, l'artiste organisera tout de même une veillée avec des habitants du Vercors. Au programme : explication du travail de création et lecture de textes. Un moment suspendu, avant l'arrivée massive des touristes pour les vacances de fin d'année.
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